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LE LIVRE DE LA POUSTA.

teur ou un prêtre, se tient dans l’eau jusqu’au cou, la tête couverte d’un chapeau de paille retenu par un ruban noué sous le menton. Sa face est également d’un rouge d’écrevisse, ses yeux gonflés ; mais il ne bouge pas ; tous les jours il immerge ainsi pendant une heure son corps débile. Plus loin, sur une longue banquette, un groupe bruyant. Un boutiquier d’Orosházra avec toute sa nichée, une demi-douzaine de mioches tout nus, bouillis au rouge, qui voudraient sortir et piaillent à qui mieux mieux. Vis-à-vis d’eux, à l’ombre d’un immense parasol, s’évente la femme d’un petit propriétaire, vêtue d’une chemise de nuit que le bain quotidien a brunie. Mais tous les jours, paraît-il, elle en change les rubans. Aujourd’hui, c’est le jour du « violet », déclare à ses hôtes la tenancière.