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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

Plus loin, il cite un fragment d’une étude de M. A. de Beaumont, parue dans la Revue des Deux Mondes, pour indiquer combien sont grands le charme et la puissance d’une couleur rompue à l’infini. Cette citation montre clairement qu’il y a communauté de technique entre le néo-impressionnisme et la plus somptueuse des traditions coloristes, la tradition orientale.

« Plus la couleur est intense, plus les Orientaux la font miroiter, afin de la nuancer sur elle-même, afin de la rendre encore plus intense et d’empêcher la sécheresse et la monotomie, afin de produire, en un mot, cette vibration sans laquelle une couleur est aussi insupportable à nos yeux que le serait un son pour nos oreilles, aux mêmes conditions. »

Tant de gens cependant aiment la peinture plate et lisse, qu’il faut croire que les yeux sont moins sensibles que les oreilles.

2. Voici, plus positif encore, le témoignage de John Ruskin, le didactique esthéticien, le critique adepte et prescient.

Citons d’abord ces fragments de ses Eléments of drawing, livre que tout artiste devrait connaître et dont le peintre néo-impressionniste H.-E. Cross a écrit la première traduction française :

« J’ai une profonde répugnance pour tout ce qui ressemble à l’habileté de la main. »