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TÉMOIGNAGES

s’empêcher d’écrire, en appelant pointillisme ce que, plus précis, il eût appelé néo-impressionnisme :

« Ne serait-ce pas le pointillisme qui, dès 1856, se trouve ici prophétisé ? C est lui-même. »

Ne peut-on s’étonner que ce stippling, recommandé par l’esthéticien anglais comme le meilleur moyen d’assurer à la couleur de la splendeur et de l’harmonie, soit précisément cette touche divisée, qui choque tant de critiques français ?

4. Nous clorons ces témoignages sur quelques extraits du livre d’un savant américain, O. N. Rood : Théorie scientifique des couleurs, livre écrit, dit l’auteur, « pour les peintres et les gens du monde », — comme si les uns et les autres allaient se mettre tels soucis en tête !

On verra que Rood, lui aussi, recommande le dégradé, le mélange optique et la touche divisée et s’étonne que tant de gens en ignorent les vertus.

« Parmi les caractères les plus importants de la couleur dans la nature, il faut ranger la dégradation pour ainsi dire infinie qui l’accompagne toujours… Si, dans un tableau, un peintre représente une feuille de papier par un espace informément blanc ou gris, le modèle sera fort mal rendu et, pour que la peinture soit exacte, l’artiste devra la couvrir de gradations délicates de clair-obscur et de couleur. Nous nous figurons ordinairement une feuille de papier comme un objet d’une teinte tout à fait uniforme, et cependant nous rejetons sans hésiter, comme inexacte, toute peinture de teinte uniforme qui prétend la représenter. Là-dessus, notre éducation inconsciente