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APPORT DE DELACROIX

3. Perpétuellement tourmenté du désir d’obtenir plus d’éclat et de luminosité, Delacroix ne se contentera pas d’avoir ainsi amélioré son instrument, il s’efforcera de perfectionner aussi la façon de s’en servir.

S’il surprend dans la nature une combinaison harmonieuse, si le hasard d’un mélange le met en face d’une belle teinte, vite, il les note sur un de ses nombreux carnets.

Il va dans les musées étudier le coloris de Titien, de Véronèse, de Velasquez, de Rubens. En la comparant à celle de ces maîtres, sa couleur lui semble toujours trop éteinte et trop sombre. Il fait de nombreuses copies de leurs œuvres, pour mieux surprendre les secrets de leur puissance. Il glane parmi leurs richesses et adapte à son profit tous les résultats de ses études sans rien sacrifier de sa personnalité.

4. Si la couleur du Massacre de Scio est déjà beaucoup plus somptueuse que celle du Dante et Virgile, c’est à l’influence du maître anglais Constable qu’est dû ce progrès.

En 1824, Delacroix achevait la Scène du Massacre de Scio, qu’il destinait au Salon, lorsque, quelques jours avant l’ouverture, il put voir des tableaux de Constable, qu’un amateur français venait d’acquérir et qui devaient figurer à cette exposition. Il fut frappé de leur coloration et de leur luminosité qui lui semblèrent tenir du pro-