Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/182

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Non ! J’ai le cœur trop gros encore de ce que j’ai vu pour en pouvoir parler ni écrire. Je voudrais oublier si la haine de l’envahisseur n’était une piété et un devoir. Non ! vous dis-je. Le canon tonnait parce que c’était le temps des grandes manœuvres d’automne, et, qu’après un combat simulé et ardent, le général Molinchard devait prendre, à cinq heures pour le quart, la ville de Château-Chinon, voisine du castel de Fessaride, et défendue par le général Leloup de la Pétardière. Sous le ciel déjà pâle et dont le fond de topaze était rayé de larges bandes de cuivre, montaient les panaches blancs des mousqueteries, flottants comme des bulles puis s’évanouissant dans l’air, tandis que des éclairs passaient dans les dentelures noires des futaies. Tout ce vacarme laissait la belle comtesse bien indifférente. Il se tut enfin quand à cinq heures dix-sept minutes, - avec deux minutes de retard comme vous le voyez, - le général Molinchard fit capituler le général Leloup de la Pétardière. Il y eut même une altercation assez vive entre les deux officiers, altercation qui prit fin par la constatation publique que la montre du général Molinchard retardait de