Page:Silvestre - Histoires gaies, 1895.djvu/110

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n’avait pas été un imbécile en lui annonçant leur insuffisance prochaine. Quand on fait ce qu’on peut on fait ce qu’on doit ; mais ce sage proverbe n’a jamais empêché personne d’être cocu. Sélim le fut avec une rapidité imméritée. Comme il veillait de près au grain, il ne put bientôt plus douter que son ami et voisin Belbeth-Ali eût entrepris, à son côté, le pèlerinage matrimonial qu’il entendait faire seul à travers les oasis de madame son épouse. Il en eut un dépit si considérable qu’il résolut de dissimuler jusqu’à ce qu’il les pût surprendre dans les conditions prescrites par la loi, pour précipiter celle-ci dans la honte irrémédiable et faire publiquement appliquer à celui-là une mortelle volée. Il fit donc celui qui ne voit rien et est tout à son commerce de dattes. Mais l’impeccable Fatma n’en prenait pas moins toutes les précautions qui assurent l’impunité à l’adultère. Et l’eût-il prise sur le fait, comment décider cet animal de cadi Zutapapa à arriver à temps ?

Pendant qu’il méditait douloureusement sur les difficultés de la situation, Belbeth-Ali et Fatma s’en donnaient, à cœur joie, des amoureux délassements qui sont encore ce qu’il y a