Aller au contenu

Page:Silvestre - Histoires gaies, 1895.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de mieux dans la vie, qu’on les trouve dans les légitimes ardeurs de l’hyménée ou dans les coupables tendresses de la trahison.

À peine le malheureux Mohamet-Soulafé-Sélim avait-il tourné le dos qu’ils s’insinuaient directement dans la soupente qui sert de lit aux personnes même les plus aisées de cette contrée africaine et y chantaient des offices auxquels les marabouts n’avaient rien à voir. Oncques ne vit-on gens plus affairés à leur religion que ceux-là. Allah, qui ne hait pas ce genre de prières, ne pouvait que les contempler d’un œil bienveillant du haut de la céleste mosquée dont la lune dessine le croissant dans l’ombre et dont les intérieures illuminations nous apparaissent, comme par des fenêtres, dans le scintillement des étoiles.

Par une chaude après-midi que ces amants éhontés étaient tout aux tièdes délices des caresses, Sélim qui faisait le guet, après une fausse sortie qui avait permis à Belbeth-Ali d’entrer, pénétra brusquement dans la chambre, mais pas assez rapidement pour que son rival n’eût eu le temps de se glisser dans le plafond de la soupente qu’il voyait bien se bomber, comme prêt