Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/56

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Vers le Toujours promis de mes amours passées,
Vers l’azur où l’extase a figé les soleils
Dans l’immobilité des deux toujours pareils,
Mon âme tend l’essor de ses ailes blessées.

Une glace éternelle a sculpté les flots blancs
De la mer qui m’attire, et les ports sont moins calmes
Que sa morne étendue où, pareils à des palmes,
Sont couchés les sillons jadis faits à ses flancs.

Puisque tout mouvement pousse vers un abîme,
Tout espoir vers un doute ou bien vers un remords,
Et qu’un baiser sans fin n’est qu’aux lèvres des morts,
— Vienne enfin la pitié du tombeau magnanime !

Sous l’oblique regard des Orients vermeils
Je veux, tel que Memnon, m’endormir dans la pierre.
Le grand sommeil des dieux tente seul ma paupière,
Ayant lassé l’oubli des terrestres sommeils.