Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/57

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— La pâle enchanteresse, à mon chevet penchée,
Laissa choir de ses mains lasses sa lampe d’or,
Et, comme une maîtresse indifférente, dort,
Dans ses cheveux et dans ses longs voiles couchée,

Rêve des deux fermés et des jours révolus,
Fantôme virginal et doux, ô fiancée
Des célestes amours, ma blanche trépassée,
Ne te réveille pas ! — je ne t’appelle plus.

L’azur a bu ton sang dans quelque aurore antique,
Avec le sang des lis et des dieux méconnus,
Et les rouges soleils ont brûlé tes pieds nus,
O pâle sœur d’Icare, ô vision mystique !

Spectre divin, dans l’aube errante évapore,
Corps devenu parfum, parfum perdu, ma bouche
Se sèche à t’aspirer dans l’air mortel que touche
Le vol noir de la nuit froide où je te suivrai.