Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/58

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée


Je lasserai le vol de la nuit qui t’emporte,
Et, fermant les yeux d’or des constellations,
J’oublîrai ta splendeur avec les passions
Qu’allume dans mon sein ton souffle épars, ô morte !

Puisque, mêlant ta voix aux terrestres rumeurs,
Ton être épars m’entoure, et, fidèle, réclame
La foi jurée, — au seuil des ténèbres de l’Ame
Ne m’attends plus ! — Reprends ton corps auguste et meurs,

Reprends ton corps auguste et sois corps tout entière,
Puisque la Mort s’arrête à l’esprit triomphant,
Et que de sa pitié toute âme se défend,
Et qu’un souffle suffit à sauver la poussière.

Loin du souffle obstiné des créateurs pervers,
Des rêveurs, des printemps et des métamorphoses,
Revêts, pour t’y mouler dans l’orgueil de tes poses,
La neige qui fera les éternels hivers.