Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/44

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au comble de la joie, dit à Bidpaï de lui demander telle récompense qu’il voudroit. Le philosophe se contenta de demander que ce livre fût transcrit, comme l’avoient été ceux des ancêtres de Dabschélim, et gardé avec grand soin, de peur qu’il ne fût transporté hors de l’Inde, et ne tombât entre les mains des Perses. Le roi combla ensuite de présens les disciples de Bidpaï.

L’auteur termine cette introduction en disant que Nouschiréwan, ayant entendu parier du livre de Calila, n’eut point de repos qu’il n’eût envoyé dans l’Inde, pour l’obtenir, le médecin Barzouyèh, et que celui-ci se l’étant procuré à force d’adresse, l’emporta avec lui à son retour de l’Inde, et le déposa dans les trésors des rois de Perse.

L’introduction dont je viens de donner l’analyse, et qui, dans mon édition, occupe trente et une pages, est tout-à fait étrangère à la rédaction primitive du livre de Calila[1]. Il n’en est pas ainsi du chapitre suivant, intitulé De la mission de Barzouyèh dans l’Inde : on peut assurer qu’il se trouvoit dans la traduction Pehivie ; mais il est incertain s’il fait partie du travail que Buzurdjmihr fit à la demande de Barzouyèh et par l’ordre du roi, ou si, ce qui est plus vraisemblable, il est indépendant de ce travail. Il semble effectivement, par le récit même qu’on y lit, que Buzurdjmihr ne fut chargé de mettre par écrit que la portion de la vie de Barzouyèh antérieure à sa mission dans l’Inde.

Les diverses traductions du livre de Calila présentent, dans ce chapitre, une différence assez notable, relativement au motif qui détermina la mission de Barzouyèh dans l’Inde. Dans la version Espagnole, dont un fragment a été donné par Don Rodriguès de Castro, ainsi que dans la traduction Latine de Jean de Capoue, faite d’après la version Hébraïque, et enfin dans la traduction de Raimond de Béziers, il est dit que ce fut Barzouyèh qui, ayant lu dans un certain livre qu’il y avoit dans l’Inde des montagnes où l’on trouvoit une herbe dont l’application rendoit la vie aux morts, sollicita de Nouschiréwan la permission d’aller dans l’Inde, pour

  1. Elle est cependant intitulée Chapitre 1er, dans la table des chapitres, p. 58 ; mais cette table varie beaucoup suivant les divers manuscrits.