Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/63

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et qui vante beaucoup ses talens, vouloit faire paraître, dans cet ouvrage, la grande connoissance qu’il avoit de la langue et de la littérature Arabes. Il vouloit aussi embellir le récit, développer les leçons de morale ou de politique, enrichir les descriptions, orner le style de toutes les fleurs de l’éloquence et de toutes les couleurs de la rhétorique ; en un mot accommoder l’original au goût de son siècle et de ses compatriotes ; et l’on peut dire qu’il a effectivement déployé, dans ce travail, un riche fonds de taiens et de connoissances. À force cependant de faire parade de son érudition, il a dû nuire en partie au succès de son ouvrage, ou du moins diminuer le nombre de ses lecteurs. On verra par la suite que ce que nous disons ici n’est point une pure supposition.

Nasr-allah n’a point cru, comme il le dit lui-même, devoir ajouter aucun ornement au chapitre attribué à Buzurdjmihr, et qui contient la vie de Barzouyèh jusqu’à sa mission dans l’Inde.

Dans les manuscrits de la version de Nasr-allah, le chapitre intitulé, dans le texte Arabe, De la mission de Barzouyèh dans l’Inde, se présente d’abord sous le titre d’Introduction مغتح, et est attribué au traducteur Arabe Abd-allah ben-Almokaffa. C’est, je crois, une erreur ; il me paraît très-vraisemblable que cette introduction se trouvoit déjà à la tête de la traduction Pehlvie.

Ensuite vient, comme premier chapitre, la préface d’Ebn-Almokaffa, sur la manière de lire ce livre, pour le faire avec fruit ; puis, comme second chapitre, la vie de Barzouyèh, attribuée à Buzurdjmihr. La préface d’Ebn-Almokaffa est beaucoup plus courte dans la version de Nasr-allah que dans l’original Arabe.

Le livre de Calila ne commence, à proprement parler, qu’au troisième chapitre, qui est le premier des aventures de Calila et Dimna.

Je m’écarterais de l’objet que je me suis proposé dans ce Mémoire, si je m’étendois davantage sur la traduction de Nasr-allah et sur le style dans lequel elle est écrite. Ceux qui voudront