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ne purent souffrir beaucoup de la mesure autoritaire par laquelle on prétendait les anéantir. Cette considération nous explique pourquoi Se-ma Ts’ien, lorsqu’il écrivit l’histoire de Chine antérieure aux Ts’in, avait à sa disposition des documents relativement peu nombreux et comment il se fait, d’autre part, que, malgré la destruction des livres, il en ait retrouvé un nombre suffisant pour composer ses Annales.

Cependant, si certains ouvrages, comme par exemple le livre des Vers ou la Chronique de l’état de Lou rédigée par Confucius sous le titre de Tch’oen ts’ieou, paraissent n’avoir été aucunement atteints par l’édit du premier empereur Ts’in, il en est d’autres qui, sans être complètement détruits, ne subsistèrent qu’en partie. La critique a le devoir de se demander si la reconstitution partielle qui en a été faite présente des garanties d’authenticité suffisante et si Se-ma Ts’ien en use avec discernement. Nous instituerons cette discussion au sujet d’un cas particulier et nous choisirons à cet effet un des plus célèbres parmi les livres que l’antiquité chinoise nous a légués, le Chou king.



PREMIERE PARTIE


LE CHOU KING ET LES MEMOIRES HISTORIQUES


Le Chou king est une collection de textes historiques à laquelle Confucius passe pour avoir donné sa forme définitive. Une tradition très répandue veut que la récension de Confucius ait contenu exactement cent chapitres CXIII-1


CXIII-1. Le plus ancien texte qui nous donne ce témoignage est la Petite préface du Chou king ( 小序 ) ; la Petite préface passe pour être l’oeuvre de Confucius lui-même ; elle est en tous cas antérieure à Se-ma Ts’ien qui l’attribue formellement à Confucius et la cite souvent ; si on fait le relevé des chapitres mentionnés dans la Petite préface, on voit qu’il y en avait 100 répartis sur 81 sujets, — K’ong Ngan-kouo,