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Tout cela ne doit pas être en la possession des seigneurs et des rois. Il ne faut pas accorder cette demande. »

Si ces précautions pouvaient avoir leur raison d’être sous la première dynastie Han, elles devinrent superflues lorsque les hommes et les faits dont parlait Se-ma Ts’ien n’apparurent plus que dans un lointain recul. Nous ne savons cependant que fort peu de chose sur les copies qui transmirent son oeuvre jusqu’au moment où elle fut imprimée. La seule particularité notable est le changement momentané qui fut introduit en 735 de notre ère dans l’ordre des Monographies, lorsqu’on mit la vie de Lao-tse en tête des autres chapitres de la même catégorie. La date exacte de la première édition imprimée de Se-ma Ts’ien nous est d’ailleurs inconnue ; des textes assez nombreux semblent prouver qu’elle doit remonter au temps des Song CC-1 (960-1126) ; il est probable que jusqu’alors le livre du grand historien n’avait jamais été que manuscrit ; en effet, quoique l’imprimerie ait fonctionné dès la dynastie T’ang, ce n’est que sous les Song que l’usage s’en généralisa CC-2.

Les oeuvres des scribes qui copièrent les Mémoires historiques pendant onze siècles ont toutes disparu ; ce n’est point là un fait anormal dans l’histoire de la littérature chinoise ; les lettrés, si soigneux des monuments


CC-1. Wang Ming-cheng (Che ts’i che chang kio, chap. I, § 2, nous parle d’un amateur qui avait réuni toutes les éditions des Mémoires historiques imprimées sous les Song, ce qui donnerait à entendre que ces impressions étaient les plus anciennes qu’on pût se procurer.

CC-2. D’après Stanislas Julien, les Chinois auraient commencé à imprimer en l’an 593 à l’aide de planches xylographiques ; en 904, sur des planches de pierre gravées en creux et en 1040 avec des types mobiles (Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XXIV, p. 1002). Wylie nous dit d’autre part : « L’imprimerie était connue au temps des Soei (588-618) et fut employée d’une manière limitée sous les T’ang (618-905) ; mais les premiers efforts de cet art ne paraissent pas avoir été assez heureux pour évincer les manuscrits » (Notes on Chinese Literature, p. VIII). Ce fut seulement au temps des cinq petites dynasties (907-960) et surtout au temps des Song (960-1126) que l’imprimerie devint d’un emploi général.