lapidaires, paraissent avoir négligé leurs anciens manuscrits. Lorsqu’il s’agit des classiques, par exemple, toute leur critique de texte se fonde, pour proposer des leçons nouvelles, sur la comparaison du livre qu’ils étudient avec les citations qu’en font les auteurs anciens ; les débris des classiques gravés sur pierre en 175 après J.-C. leur fournissent parfois quelques corrections heureuses ; mais jamais ils n’invoquent le témoignage d’une copie antérieure à l’invention de l’imprimerie. Le texte de Se-ma Ts’ien n’a point été fixé par des inscriptions ; les citations qu’on en trouve ne présentent aucune singularité notable ; par conséquent, tout moyen externe nous manque pour en faire la critique ; ce n’est que par des raisons d’évidence interne que nous pourrons en éprouver l’intégrité. Or, dans les Mémoires historiques, on relève d’assez nombreux passages qui commencent par la formule : « Maître Tch’ou dit... CCI-1 ». Qui est ce personnage et dans quelle mesure a-t-il altéré le texte original de Se-ma Ts’ien ?
Dans le catalogue bibliographique qui forme le XXXe chapitre du Ts’ien Han Chou, on remarque, au-dessous de la mention des Ménoires historiques, une note ainsi conçue : «Pour dix chapitres, on a le titre, mais non le texte. »
Le commentateur Tchang Yen, qui vivait au temps de la première dynastie Wei (220-264 ap. J.-C), complète le dire de Pan Kou en indiquant quels étaient les chapitres perdus CCI-2: « Après la mort de (Se-ma) Ts’ien, il manqua les Annales de l’empereur King (chap. XI), les Annales de l’empereur Ou (chap. XII), le traité des rites (chap. XXIII), le traité de la musique (chap. XXIV), le traité de la guerre ( ?), le tableau chronologique des généraux et des conseillers depuis l’avènement des Han jusqu’à nos jours (chap. XXII), la monographie des diseurs de bonne aventure (chap.
CCI-1. 禇先生曰 .
CCI-2. Le passage que nous traduisons est cité dans une note du Ts’ien Han chou, chap. LXII, p. 9 r°.