Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/292

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des territoires les uns aux autres et se battaient; ils opprimaient les cent familles. Or Chen-nong ne pouvait les réduire[1]. Alors Hien-yuen s’exerça au maniement du bouclier et de la lance afin de soumettre ceux qui ne rendaient pas hommage à la cour ; les seigneurs vinrent tous avec respect et obéissance. Cependant Tch’e-yeou[2] était le plus terrible et restait invincible.

  1. Ce passage donne à entendre que Se-ma Ts’ien, d’accord avec le Kouo yu (cf. n. 00.141), considère Chen-nong et Hoang-ti comme contemporains. Chen-nong, frère de Hien-yuen, était empereur ; ses parents et ses enfants qui étaient des seigneurs n’obéissaient pas à ses ordres ; Hien-yuen se chargea de les ramener au devoir. Plus tard cependant, Chen-nong fut injuste envers les seigneurs ; alors Hien-yuen le combattit, lui enleva le pouvoir et devint lui-même empereur sous le nom de Hoang-ti.
  2. Dans les Rites de Tai l’aîné, au chapitre de l’Emploi des soldats (Ta Tai li, section 75), on lit que « Tch’e-yeou fut un ambitieux sorti du peuple. » Ce texte a une certaine autorité aux yeux des critiques chinois parce que le chapitre d’où il est extrait fut, dit-on, écrit par Confucius pour répondre aux questions du duc Ngai de Lou. Cependant, d’après le texte de Se-ma Ts’ien, il semble que Tch’e-yeou n’était pas un homme vulgaire, mais un seigneur. — Tchang Cheou-kié, citant un livre intitulé Long yu ho t’ou, dit : « Quand Hoang-ti était régent de l’empire, il y avait quatre-vingt un frères appelés Tch’e-yeou ; ils avaient tous des corps de bêtes et des voix humaines, des têtes de cuivre et des fronts de fer ; ils mangeaient du sable ; ils fabriquèrent les cinq sortes d’armes de guerre, des glaives, des lances et de grandes arbalètes ; ils terrorisaient le monde ; ils massacraient et tuaient sans raison. Les dix mille familles donnèrent avec respect à Hoang-ti le mandat de remplir la tâche du Fils du ciel. Hoang-ti ne parvint pas à réprimer Tch’e-yeou par la bonté et la justice ; alors il leva les yeux au ciel et soupira. Le ciel envoya une femme sombre qui descendit et vint donner à Hoang-ti un écrit scellé sur la guerre ; il subjugua Tch’e-yeou. Dans la suite, l’empire fut de nouveau troublé ; Hoang-ti dessina alors l’image de Tch’e-yeou pour effrayer l’empire ; tous dirent que Tch’e-yeou n’était pas mort et que dans les huit directions tout allait être détruit. On voit dans cette légende que le premier écrit sur l’art de la guerre passe pour avoir été communiqué d’une manière surnaturelle à Hoang-ti.