Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/293

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Yen-ti voulut empiéter sur les droits des seigneurs ; les seigneurs se réfugièrent tous auprès de Hien-yuen. Hien-yuen alors fit appel à toute son énergie et leva des soldats ; [il se rendit maître des cinq influences[1] ; il mit en terre les cinq semences[2] ; il fit du bien aux dix mille tribus et gouverna les quatre côtés. Il dressa des ours, des léopards, des panthères, des lynx et des tigres[3] et il s’en servit lors de la bataille qu’il livra à

  1. Les cinq influences sont celles des cinq éléments primordiaux.
  2. D’après Tcheng Hiuen les cinq semences sont celles des cinq céréales, à savoir : le millet glutineux (Panicum miliaceum), le millet commun (Panicum miliaceum, autre variété), une sorte de haricot (Soja hispida), le blé et l’orge, le riz (cf. Breischneider, Botanicon sinicum, n° 335).
  3. Ce passage rappelle les beaux vers où Lucrèce nous représente les anciens cherchant à employer dans les combats des animaux furieux (De natura rerum, chant V, vers 1307 et suiv.) Tentarunt etiam tauros in moenere belli, Expertique sues saevos sunt mittere in hostes ; Et validos Parthi prae se misere leones Cum ductoribus armatis saevisque magistris, Qui moderarier hos possent vinclisque tenere... Le fonctionnaire qui, à la cour des anciens souverains chinois, avait la charge de ces animaux de combat, s’appelait le fou pou-che, c’est-à-dire celui qui soumet ceux qui ne sont pas soumis. Il est mentionné dans le Tcheou li chap. XXVIII et XXX, trad. Biot, t. II, p. 147 et 209). — Il n’y a pas lieu de prendre en considération l’explication trop ingénieuse de Tchang Cheou-kié d’après qui ces noms de bêtes féroces étaient les appellations que Hoang-ti donnait à ses soldats pour effrayer l’ennemi (cf. aujourd’hui encore les soldats appelés tigres).