Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/278

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s’arrêtèrent pendant quarante-six jours sans avancer. Hiang Yu dit :

— J’ai appris que l’armée de Ts’in assiégeait le roi de Tchao à Kiu-lou ; faisons promptement traverser le Fleuve[1] à nos soldats ; pendant que Tch’ou dirigera une attaque du dehors, Tchao lui répondra du dedans ; la défaite de l’armée de Ts’in est certaine.

Song I répondit :

— Non pas. Un taon qui s’attaque à un bœuf ne saurait détruire ses poux[2]. Maintenant, Ts’in va attaquer Tchao ; s’il est vainqueur, ses soldats seront fatigués et je profiterai de leur épuisement ; s’il est vaincu, je mènerai mes soldats tambour battant[3] du côté de l’ouest et je supprimerai certainement Ts’in. Le mieux est donc

  1. Si Ngan-yang est identique à la sous-préfecture de Ts’ao (cf. la note précédente), le fleuve dont il s’agit est le Hoang-ho ; si, au contraire, Ngan-yang est la sous-préfecture de ce nom, dans la préfecture de Tchang-, le fleuve sera le Tchang-ho (cf. tome I, note 02.126. ).
  2. Un taon qui s’attaque à un bœuf ne se préoccupe pas de détruire ses poux ; c’est-à-dire, quand on a de grands desseins, on ne s’arrête pas à remporter de petits avantages ; quand on a pour but de détruire Ts’in, on ne s’inquiète pas de secourir Tchao. — D’autres interprétations peuvent être données de cette phrase : § quand on se saisit d’un taon qui est sur le dos d’un bœuf, on ne peut détruire les poux qui se cachent sous sa toison ; c’est-à-dire on aurait beau triompher de Tchang Han, on n’aurait pas, pour cela, anéanti la puissance de Ts’in. § Ou encore, si l’on veut écraser un taon, on ne peut détruire les poux ; c’est-à-dire en donnant un grand coup pour écraser un taon, on ne peut détruire en même temps les poux, car, pour saisir un pou, il faut plus d’adresse que de force ; il faut donc savoir ce qu’on veut faire et choisir entre les deux choses ; en d’autres termes, si on se propose d’écraser Ts’in (qui est comparé à un taon), on ne s’attardera pas à triompher de Tchang Han (qui est comparé à un pou).
  3. Remarquons l’expression que Yen Che-kou commente en disant qu’elle signifie [] = marcher tambour battant, être sans crainte.