Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/288

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mépriser et insulter les officiers et les soldats de Ts’in. Ceux-ci tinrent souvent des conciliabules secrets, disant :

— Le général Tchang (Han) et les autres nous ont fait, par trahison, nous rendre aux seigneurs ; ceux-ci peuvent maintenant entrer dans les passes et détruire Ts’in. Que si, par grand bonheur, ils n’y parviennent pas, les seigneurs nous traiteront comme prisonniers, nous qui leur sommes soumis, et nous emmèneront dans l’est ; Ts’in ne manquera pas d’exterminer nos pères, nos mères, nos femmes et nos enfants.

Les divers généraux eurent vent de ce complot et en avertirent Hiang Yu. Hiang Yu manda donc K’ing Pou et le général P’ou pour tenir conseil et leur dit :

— Les officiers et les soldats de Ts’in sont encore fort nombreux ; ils ne nous sont pas soumis sincèrement ; lorsque nous serons parvenus à l’intérieur des passes, ils ne nous obéiront pas et notre situation ne pourra manquer d’être dangereuse. Il vaut mieux les attaquer et les tuer et ne conserver que Tchang Han, le tchang-che Hin et le tou-wei I avec qui nous pénétrerons dans le pays de Ts’in.

A la suite de cela, l’armée de Tch’ou attaqua de nuit et tua les soldats de Ts’in, qui étaient plus de deux cent mille au sud de la ville de Sin-ngan. (Hiang Yu) entreprit de ravager et de conquérir le territoire de Ts’in. A la passe Hien-kou[1], il y avait des soldats qui gardaient la passe[2] et il ne put entrer ; en

  1. Cf. note 06.504. .
  2. Ces soldats avaient été placés là par Lieou Pang, gouverneur de P’ei, qui devait être plus tard Han Kao-tsou. Comme on le verra au chapitre suivant, Lieou Pang avait pris les devants sur Hiang Yu et les seigneurs ; il avait pénétré dans le pays à l’intérieur des passes et était entré sans coup férir à Hien-yang où il avait obtenu la reddition du dernier souverain de la dynastie Ts’in.