Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/297

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Le gouverneur de P’ei avait dit à Tchang Leang : — En prenant ce chemin, il n’y a pas plus de vingt li pour arriver à mon camp ; quand vous estimerez que je suis parvenu au camp, vous entrerez (chez le roi Hiang). Lorsque le gouverneur de P’ei fut parti et qu’il fut arrivé à son camp par le sentier, Tchang Leang entra pour l’excuser (auprès du roi Hiang) et dit :

— Le gouverneur de P’ei n’a pu surmonter l’ivresse[1] et il ne lui a pas été possible de prendre congé ; il m’a donc envoyé avec respect, moi son sujet (Tchang) Leang, en me remettant une paire d’anneaux en jade blanc qu’il présente, en saluant deux fois, aux pieds de Votre Majesté, et une paire de coupes en jade qu’il dépose, en saluant deux fois, aux pieds du général en chef.

Le roi Hiang dit :

— Où est le gouverneur de P’ei ? — Il a appris, répondit (Tchang) Leang, que Votre Majesté avait l’intention de le réprimander. Il a sauvé sa personne en partant seul et il est déjà arrivé dans son camp.

Le roi Hiang reçut alors les anneaux de jade et les plaça sur son siège ; Ya-fou reçut les coupes de jade et les plaça à terre ; puis il tira son épée, les en frappa et les brisa, disant :

— Hélas, ce sot[2] n’a pas été à la hauteur du complot ; celui qui ravira l’empire au roi Hiang, ce sera certainement le gouverneur de P’ei. Dès maintenant, nous et les nôtres nous sommes ses esclaves.

Quand le gouverneur de P’ei fut arrivé dans son camp, il fit périr sur-le-champ Ts’ao Ou-chang[3].

  1. Littéralement : n’a pas triomphé des tasses et des coupes.
  2. Il parle de Hiang Yu qui, par son indécision, a fait manquer le complot.
  3. Le traître qui avait dénoncé ses projets à Hiang Yu ; cf. note 208.