Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/298

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Au bout de quelques jours, Hiang Yu mena ses soldats dans l’ouest ; il passa les habitants de Hien-yang au fil de l’épée ; il tua Tse-yng, roi de Ts’in, qui s’était soumis ; il incendia les palais des Ts’in et le feu dura trois mois sans s’éteindre ; il s’empara de leurs richesses et de leurs femmes, puis alla dans l’est. Quelqu’un donna ce conseil au roi Hiang :

— Le pays à l’intérieur des passes est défendu par des montagnes et par le Fleuve ; il a des barrières aux quatre côtés[1] ; le sol en est fertile. On peut y établir la capitale pour commander aux seigneurs.

Le roi Hiang considéra que les palais des Ts’in avaient été entièrement détruits par l’incendie ; en outre il nourrissait dans son cœur le désir de retourner dans l’est ; il dit donc :

— Celui qui s’est enrichi et ennobli et ne revient pas dans son pays natal est comme celui qui revêt des habits brodés pour se promener pendant la nuit. Qui le sait ?

Le donneur de conseils dit :

— On prétend que les gens de Tch’ou ne sont que des singes qui ont pris le bonnet viril[2] ; c’est bien vrai.

Le roi Hiang apprit ce propos et fit périr le donneur de conseils[3] dans la chaudière bouillante.

  1. Ces barrières, dit Siu Koang, étaient, à l’est, la passe Hien-kou (cf. note 06.504. ) ; au sud, la passe [] (cf. p. 156. , n. 2) ; à l’ouest, la passe San (dans la préfecture de Fong, au nord de la préfecture de Han-tchong, province de Chàn-si) ; au nord, la passe Siao (au sud-est de la ville préfecturale de P’ing-leang, province de Kan-sou).
  2. Un singe qui s’affuble d’un bonnet viril n’est pas capable de le garder longtemps et son naturel ne tarde pas à reparaître ; il en est de même des gens de Tch’ou.
  3. Le Ts’ien Han chou, chap. XXXI, p. 10 r°, appelle ce personnage « maître Han » ; le tch’oen ts’ieou de Tch’ou et de Han l’appelait « maître Ts’ai ».