Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/299

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Le roi Hiang envoya un messager demander des ordres au roi Hoai ; celui-ci dit :

— Il faut se conformer à la convention[1].

Alors (Hiang Yu) honora le roi Hoai du titre d’Empereur juste[2]. Le roi Hiang voulait se faire roi ; il commença par donner le titre de roi aux divers généraux et conseillers, en disant :

— Lorsque les difficultés ont éclaté dans l’empire, on a, au début, donné provisoirement le pouvoir aux descendants des seigneurs pour qu’ils attaquassent Ts’in. Cependant ceux qui ont en personne revêtu la cuirasse et pris la lance, ceux qui ont été à la tête de l’entreprise, ceux qui se sont exposés à la rosée[3] en rase campagne et qui, au bout de trois ans, ont entièrement détruit Ts’in et ont conquis tout

  1. Kiang Yu espérait que le roi de Tch’ou lui donnerait le titre de roi ; mais le roi de Tch’ou lui répondit qu’il fallait s’en tenir aux termes de la convention d’après laquelle celui qui entrerait le premier à l’intérieur des passes serait nommé roi ; or c’était Lieou Pang, gouverneur de P’ei, et non Hiang Yu, qui avait pénétré le premier dans le territoire de Ts’in.
  2. Irrité de la réponse du roi de Tch’ou, Hiang Yu feint de l’honorer en lui décernant le titre d’Empereur juste, mais en réalité il lui enlève tout pouvoir et s’arroge le droit de distribuer les provinces de l’empire aux divers généraux.
  3. Dans l’expression [], le mot [] se prononce pou ; on traduit généralement cette expression comme signifiant : exposé au soleil ardent et à la rosée (cf. Couvreur, Dictionnaire chinois-français, p. 598). Mais le mot [] est, d’après le commentaire du T’ong kien kang mou (chap. II, p. 27 v°), l’équivalent de [] ; on trouve la même explication dans un commentateur du livre des Han postérieurs cité par le Dictionnaire de K’ang-hi. Ainsi les deux mots pou lou ne désignent pas le soleil ardent et la rosée, mais ce sont des synonymes qui désignent tous deux la rosée.