Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/341

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largesses ; il avait l’esprit ouvert. Il avait sans cesse de grands projets et ne se livrait pas aux travaux et aux occupations des gens de sa famille. Quand il fut grand, il s’essaya à être fonctionnaire et devint chef du t’ing[1] de la rivière Se. Il n’y avait aucun des fonctionnaires de la commanderie [2] qu’il ne traitât avec familiarité. Il aimait le vin et les femmes.

Il avait l’habitude de prendre du vin à crédit chez la vieille Wang et la mère Ou ; quand il était ivre et couché, la mère Ou et la vieille Wang virent qu’il y avait toujours au-dessus de lui un dragon et s’en émerveillèrent. Chaque fois que Kao-tsou soit venait acheter du vin, soit restait à boire du vin, il le payait[3] plusieurs fois son prix[4] ; mais, lorsque ces deux marchandes eurent

  1. Dans l’organisation administrative des T’sin, un groupe de dix villages, ou li, formait un t’ing ; le chef du t’ing était chargé de maintenir le bon ordre dans sa petite circonscription. Dix t’ing formaient la division administrative qu’on appelait un hiang.
  2. L’expression [], dit Yen Che-kou, désigne la salle où se réunissaient les fonctionnaires à la capitale de la commanderie. Quoique Kao-tsou ne fût qu’un très mince personnage et qu’il se trouvât là avec des officiers de rang beaucoup plus élevé que lui, il avait tant de confiance en lui-même et tant de hardiesse qu’il les traitait tous sans respect (avec mépris, dit le texte chinois).
  3. Le Dictionnaire de K’ang-hi, d’accord avec les commentateurs, dit que le mot [] est ici l’équivalent de [] ou de [] ; il signifie donc « payer ».
  4. Kao-tsou, qui était vantard, payait volontiers son vin plusieurs fois le prix qu’il valait, mais il est vrai qu’il l’achetait à crédit. Cette anecdote met en lumière un des côtés de ce singulier caractère.