vu le prodige, à la fin de l’année elles brisèrent toujours leur compte[1] et renoncèrent à leur créance.
Kao-tsou était souvent de corvée à Hien-yang et y observait à sa fantaisie ; il vit le souverain-empereur de la dynastie Ts’in ; il soupira, très oppressé et dit :
— Certes, voilà ce que doit être un grand homme[2].
L’honorable Lu, originaire de Chan-fou[3], était fort lié avec le préfet de P’ei ; pour éviter une vengeance, il vint auprès de lui en qualité d’hôte et logea donc à P’ei. Les notables et les fonctionnaires de P’ei, apprenant que le préfet avait un hôte de marque, allèrent tous le féliciter. Siao Ho était surveillant des fonctionnaires[4] ; il était préposé aux entrées[5] et donna cet ordre à tous ces messieurs :
— Ceux qui, comme droit d’entrée, ne verseront pas au moins mille pièces de monnaies, je les ferai asseoir au bas de la salle.
Kao-tsou, quoiqu’il ne fût que chef d’un ting, avait coutume de traiter cavalièrement les fonctionnaires ; il se présenta donc en faisant une fausse déclaration et dit :
— J’apporte dix mille pièces de monnaie en guise de félicitations.
En réalité, il ne tenait pas une seule pièce de monnaie ; s’étant présenté, il entra ; l’honorable Lu fut très surpris ; il se
- ↑ Les comptes étaient écrits sur des planchettes en bois.
- ↑ On rapprochera de cet incident l’anecdote qui est racontée dans le chapitre précédent à propos de Hiang Yu (cf. p. 249).
- ↑ Aujourd’hui, sous-préfecture de Chan, préfecture de Ts’ao-tcheou, province de Chan-tong.
- ↑ Mong K’ang dit que ce titre de tchou-li est identique à celui de kong-ts’ao.
- ↑ C’est-à-dire qu’il devait examiner les présents qu’il était d’usage d’apporter lorsqu’on se présentait au préfet.