Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/350

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et tous ensemble tuèrent le préfet de P’ei ; ils ouvrirent les portes de la muraille et allèrent chercher Lieou Ki ; ils voulaient le nommer préfet de P’ei. Lieou Ki leur dit :

— L’empire est actuellement bouleversé ; les seigneurs se sont soulevés tous ensemble ; maintenant, si vous mettez à votre tête un chef qui ne soit pas bon, une seule défaite sera la ruine de ce pays. Ce n’est pas que je tienne à ma personne, mais c’est que je crains d’être peu capable et de ne pas savoir vous sauver, vous tous jeunes et vieux. C’est là une grande entreprise ; je désire que vous vous concertiez à nouveau pour choisir un homme capable.

Siao (Ho) et Ts’ao (Ts’an) étaient tous deux des fonctionnaires civils ; ils tenaient à leurs personnes et craignaient que, si l’entreprise ne réussissait pas, Ts’in ne les fît ensuite périr avec leurs familles tout entières ; ils se retirèrent donc absolument devant Lieou Ki. Les vieillards dirent tous :

— Tous les prodiges que nous avons entendu raconter pendant toute notre vie au sujet de Lieou Ki témoignent qu’il doit être élevé en dignité. En outre, quand on a tiré les sorts au moyen de la tortue et de l’achillée, les présages n’ont jamais été plus favorables pour personne que pour Lieou Ki. Alors Lieou Ki déclina plusieurs fois (la place qu’on lui offrait) mais comme, dans l’assemblée, personne n’osait la prendre, on nomma donc (Lieou) Ki gouverneur de P’ei[1]. (Kao-tsou) sacrifia à Hoang-ti et fit des offrandes à Tch’e-yeou[2] dans la salle préfecturale de P’ei et aspergea

  1. Dans la pays de Tch’ou, les gouverneurs des préfectures étaient honorés du titre de koung. Comme Kao-tsou se déclarait du parti de Tch’en Ché, qui avait pris le nom de roi de Tch’ou, il se conforma à la coutume de Tch’ou.
  2. Tch’e-yeou est le rebelle légendaire qui lutta contre Hoang-ti (cf. tome I, note 01.111. ) ; on lui sacrifiait comme au dieu des combats.