Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/391

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capitale ; vous avez ravi au roi de Han[1] son territoire ; vous avez régné à la fois sur les pays de Leang et de Tch’ou ; vous vous êtes beaucoup donné à vous-même. C’est là votre huitième faute. — Vous avez envoyé des gens assassiner secrètement l’Empereur juste dans le Kiang-nan ; c’est là votre neuvième faute. — Or, quand on est sujet, assassiner son souverain, mettre à mort un homme qui a fait sa soumission, gouverner sans justice, ne pas observer une convention décrété par le souverain, c’est là ce que l’empire ne saurait souffrir ; c’est une grande rébellion, c’est une conduite contraire à la raison. Telle est votre dixième faute. — Pour moi, avec les soldats de la justice[2], j’accompagne les seigneurs pour exterminer les malfaiteurs et les brigands ; j’enverrai des condamnés survivants du supplice attaquer et tuer Hiang Yu ; pourquoi prendrais-je la peine de combattre contre vous en combat singulier ?

Hiang Yu, enflammé de colère, tira une flèche avec une arbalète qu’il tenait cachée et atteignit le roi de Han. Le roi de Han fut atteint dans la poitrine, mais il mit la main sur son pied en disant :

— Ce misérable m’a atteint à l’orteil[3].

Le roi de Han s’était couché souffrant de sa blessure ; Tchang Leang le pria avec insistance de se lever et de parcourir les rangs de l’armée en leur disant de bonnes

  1. Quoique les commentateurs ne disent rien au sujet de ce passage, il me semble qu’il faut lire « le roi de Wei », et non « le roi de Han ». Cf. note 07.240.
  2. Remarquer l’expression [] qui a été souvent reprise en Chine par ceux qui, à diverses époques de l’histoire, ont prétendu n’armer leur bras qu’au nom de la justice.
  3. Le roi a la présence d’esprit de dissimuler aussitôt la gravité de sa blessure afin de ne pas effrayer ses soldats.