Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/401

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ainsi, son prestige et son autorité ne pourraient plus s’exercer.

Lorsque Kao-tsou vint, la fois suivante, rendre sa visite, T’ai-kong prit en main un balai[1], alla à sa rencontre jusqu’à la porte, puis marcha à reculons.

Kao-tsou, fort surpris, descendit (de son char) pour soutenir T’ai-kong. T’ai-kong lui dit :

— L’empereur est le souverain des hommes ; pourquoi, à cause de moi, jeter le trouble dans les lois de l’empire ?

Alors Kao-tsou honora T’ai-kong du titre de T’ai-chang-hoang[2] ; dans son for intérieur il approuvait les paroles de l’intendant ; il lui fit un présent de cinq cents livres d’or.

Le douzième mois (16 janv. - 14 fév. 201), on présenta à l’empereur une requête sur un cas de rébellion en dénonçant les projets de révolte de (Han) Sin, roi de Tchou. L’empereur interrogea son entourage ; tous le pressèrent à l’envi d’attaquer (Han Sin) ; (l’empereur) suivit le conseil de Tch’en P’ing : il feignit un voyage à Yun-mong[3] et réunit les seigneurs à Tch’en ; (Han) Sin, roi de Tch’ou, vint à sa rencontre et l’on put ainsi s’emparer aussitôt de lui. Ce jour-là, une amnistie générale fut proclamée dans l’empire.

Tien K’en vint présenter ses félicitations à Kao-tsou et

  1. Les rites prescrivaient, lorsqu’on recevait un supérieur, d’aller à sa rencontre en balayant le sol devant lui.
  2. C’était le même titre que Ts’in Che-hoang-ti avait décerné à son père décédé, le roi Tchoang-siang.
  3. Au lieu de faire une expédition militaire, Kao-tsou préfère avoir recours à la ruse ; il feint d’entreprendre un voyage d’inspection des fiefs à Yun-mong (cf. tome I, note 02.178. ), dans le sud de ses États ; au cours de ces voyages, il était de règle que les vassaux des pays par où l’empereur passait vinssent lui rendre hommage ; c’est pourquoi dès que Kao-tsou arriva à Tch’en (cf. note 05.451), qui était sur le territoire de Tch’ou, Han Sin, roi de Tch’ou, vint à sa rencontre. On l’arrêta et il ne fut plus question du voyage de Yun-mong qui n’avait été qu’un prétexte.