Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/411

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En automne, au septième mois (16 août - 13 sept. 196), K’ing Pou, roi de Hoai-nan, se révolta ; à l’est, il s’annexa le territoire de Lieou Kia, roi de King ; au nord, il traversa (la rivière) Hoai. Kiao, roi de Tch’ou, s’enfuit à Sie. Kao-tsou alla lui-même combattre (K’ing Pou) ; il nomma son propre fils, Tchang[1], roi de Hoai-nan[2]. La douzième année, au dixième mois (12 nov. - 10 déc. 196), Kao-tsou avait attaqué l’armée de (K’ing) Pou à Koai-tchoei[3] ; (K’ing) Pou s’était enfui et (l’empereur) avait ordonné à quelques-uns de ses généraux de le poursuivre. En s’en retournant, Kao-tsou passa par P’ei[4] et s’y arrêta. Il donna un banquet dans le palais de P’ei et y invita tous ceux qu’il avait autrefois connus, jeunes et vieux, pour qu’ils fissent circuler le vin. Il fit venir les jeunes garçons du pays de P’ei et en prit cent vingt auxquels il enseigna à chanter. Quand on fut échauffé par le vin, Kao-tsou joua de la guitare[5] et fit lui-même l’hymne suivant[6] :

  1. Lieou Tchang n’avait alors que deux ans (trois ans, à la manière de compter chinoise).
  2. La capitale du royaume de Hoai-nan était à Cheou-tch’oen (aujourd’hui, préfecture secondaire de Cheou, préfecture de Fong-yang, province de Ngan-hoei).
  3. Les commentateurs proposent des prononciations assez diverses pour le nom de cette localité ; j’ai suivi les indications de Yen Che-kou. Koai-tchoei était à l’ouest de Ki (cf. p. 248, n. 3).
  4. P’ei était la patrie de Kao-tsou ; cf. note 101.
  5. L’instrument de musique appelé [] était analogue au luth mais il avait (du moins dans l’antiquité) une grosse tête : on en frappait les cordes avec un morceau de bambou.
  6. On verra, dans le chapitre XXIV des Mémoires historiques, que cet hymne devint, après la mort de Kao-tsou, un chant rituel qui se chantait en grande pompe à certaines époques de l’année.