Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/449

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possédait de perles, de joyaux et d’ustensiles précieux et les jeta par terre dans la salle en disant :

— Je ne veux pas les garder pour d’autres personnes.

Le grand conseiller de gauche, (Chen) I-ki, donna sa démission.

Le huitième mois, au jour keng-chen (26 sept. 180), le matin, (Ts’ao) Tchou[1], marquis de P’ing-yang, qui exerçait les fonctions de yu-che-ta-fou, rendit visite au conseiller d’État (Lu) Tch’an pour discuter sur les affaires ; (il arriva que) le Lang-tchong-ling Kia Cheou, qui revenait du pays de Ts’i où il avait été envoyé en mission, en profita pour énumérer à (Lu) Tch’an ses fautes en lui disant :

— Votre Altesse n’est pas allée immédiatement dans ses États ; maintenant, quand même vous voudriez vous y rendre, comment y parviendrez-vous ?

Puis il dévoila en détail à (Lu) Tch’an que Koan Yng avait fait alliance avec Ts’i et Tch’ou dans le but d’exterminer les Lu et il pressa (Lu) Tch’an d’entrer au plus vite dans le palais. Le marquis de P’ing-yang entendit une grande partie de ces paroles et alla en toute hâte les rapporter au grand conseiller et au t’ai-wei[2]. Le t’ai-wei voulut entrer dans le camp du nord, mais ne put y pénétrer. T’ong[3], marquis de Siang p’ing[4], était préposé aux sceaux et aux insignes ; (le t’ai-wei) lui ordonna de prendre un insigne qui, par fraude, remettait au t’ai-wei l’armée du nord[5] ; le t’ai-wei ordonna

  1. C’était le fils de Ts’ao Ts’an (cf. Mémoires historiques, chap. LIV, p. 3 v°).
  2. A Tch’en P’ing et à Tcheou P’o.
  3. Ki T’ong.
  4. Cette localité se trouvait sur le territoire de la préfecture de Leao-yang, préfecture de Fong-t’ien (Moukden), en Mandchourie.
  5. Tcheou P’o, qui était t’ai-wei, c’est-à-dire commandant en chef des troupes de la capitale, ne pouvait entrer dans le camp du nord, parce que Lu Lou ne s’était pas encore dessaisi de son commandement ; il eut donc recours à un stratagème : Ki T’ong avait la garde des insignes ou mandats impériaux ; Tcheou P’o lui fit émettre un faux mandat qui lui conférait le commandement de l’armée du nord ; Lu Lou, de son côté, qui, sur les conseils perfides de Li Ki, songeait à se retirer dans son royaume, crut que la nomination de Tcheou P’o émanait directement de l’empereur et livra le sceau qui lui donnait l’autorité sur l’armée.