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Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/471

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il unit la compassion et la bonté à l’amour de la vertu. Le roi de Hoai-nan est mon frère cadet ; il pratique la vertu de manière à me seconder[1]. Comment (ces trois hommes) ne seraient-ils pas désignés d’avance (pour me remplacer) ? Parmi les rois-vassaux, membres de la famille impériale, mes frères, il y a des sujets de grand mérite qui sont fort sages et sont doués de vertus et de justice. Si j’appelais tous ceux qui pratiquent la vertu pour qu’ils me secondent, je ne pourrais en finir. C’est là un effet de l’influence surnaturelle des dieux de la terre et des moissons ; c’est là un bienfait pour tout l’empire. Si maintenant je ne les choisis point pour les élever et si je dis que ce doit être un de mes fils (qui me succédera), les hommes jugeront que j’ai oublié les sages inspirés par la vertu et que je n’ai pensé qu’à mes fils. Ce n’est pas de cette manière que j’affligerai l’empire : je ne puis admettre (qu’il en soit ainsi).

Les officiers le prièrent tous avec instances, disant :

— Dans l’antiquité, les Yn et les Tcheou régnèrent : (ces deux dynasties) gouvernèrent et maintinrent le calme toutes deux pendant plus de mille années. Ceux qui autrefois possédèrent l’empire eurent tous, sans exception, une longue durée[2] ; or ils suivaient tous cette méthode : celui qu’ils nommaient leur successeur était toujours leur

  1. Le roi de Hoai-nan s’appelait Lieou Tchang.
  2. La leçon des Mémoires historiques est [] ; la leçon du Ts’ien Han chou (chap. IV, p. 4 r°) est [] ; si l’on adopte cette dernière lecture, il faudra comprendre la phrase de la manière suivante : « De tous ceux qui autrefois possédèrent l’empire, il n’y eut aucune dynastie qui dura aussi longtemps que les Yn et les Tcheou. Se-ma Tcheng commente, par inadvertance, le texte des Mémoires historiques comme s’il était identique à celui du Ts’ien Han chou.