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Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/503

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une loi du Ciel et de la Terre ; c’est la destinée naturelle des êtres. Comment serait-elle un sujet de grande affliction ? — Au temps où nous vivons, tout le monde loue la vie et hait la mort ; on célèbre des funérailles si magnifiques qu’on se ruine ; on porte un deuil si rigoureux qu’on nuit à sa propre existence. C’est ce que je ne puis admettre. — D’ailleurs, puisque j’ai manqué de vertu et que je n’ai aidé en rien le peuple, si, maintenant que je meurs, je suis encore cause qu’on porte un deuil rigoureux et qu’on se lamente longtemps, de telle façon qu’on reste dans cet état pendant la durée d’années entières, que les pères comme les enfants soient plongés dans la tristesse, que les esprits des vieux comme des jeunes soient aigris, que leur boire et leur manger soient diminués, que les sacrifices aux mânes et aux dieux soient interrompus, tout cela ne sera qu’une aggravation de mon manque de vertu ; comment m’en expliquerai-je à l’empire ? — J’ai protégé le temple ancestral : malgré que ma personne fût très chétive, j’ai été investi pendant plus de vingt années d’une place au-dessus des princes et des rois de l’empire ; grâce à l’influence surnaturelle du Ciel et de la Terre et à la bénédiction des dieux de la terre et des moissons, tout le pays à l’intérieur des quatre directions a joui du repos et il n’y a pas eu de guerre[1]. — Comme je n’étais pas diligent, je craignais toujours de commettre dans ma conduite quelque faute par laquelle j’aurais déshonoré la vertu que m’ont léguée les empereurs mes prédécesseurs ; plus les

  1. Littéralement « les armes offensives et les cuirasses », c’est-à-dire la guerre.