Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/53

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Chou-kien se lamentèrent à ce sujet. Le duc Mou l’apprit, s’en irrita et leur dit :

— Je fais partir mes soldats et vous arrêtez mon armée en vous lamentant ; qu’est-ce à dire ?

Les deux vieillards lui répondirent :

— Vos sujets ne se permettraient point d’arrêter l’armée de Votre Altesse ; mais, quand l’armée se mettra en marche, nos fils partiront avec elle ; nous sommes vieux ; s’ils tardent à revenir, il est à craindre que nous ne les revoyions pas ; c’est pourquoi nous pleurons.

Les deux vieillards se retirèrent ; ils donnèrent cet avertissement à leurs fils :

— Le lieu où votre armée sera défaite, ce sera certainement auprès de Hiao[1]. La trente-troisième année (627 av. J.-C.), au printemps, les troupes de Ts’in allèrent dans l’est pour gagner le territoire de Tsin. Elles passèrent par la porte nord de Tcheou[2]. Wang-suen Man, du pays de Tcheou, dit :

  1. Hiao était une localité dans un étroit défilé formé par les deux collines Hiao : sur l’une de ces collines était la tombe de Kao, l’un des derniers souverains de la dynastie Hia (cf. Tso tchoan, 32e année du duc Hi). Hiao était à 50 li au nord de la sous-préfecture de Yong-ning, préfecture et province de Ho-nan. Le défilé de Hiao est mentionné par Lu Pou-wei (Tch’oen-ts’ieou, chap. XIII, pp. 2 v° et 3 r°) comme l’une des « neuf barrières » de l’empire. « Qu’appelle-t-on les neuf barrières ? C’est Ta-fen, Ming-ngo, King-yuan, Fang-tch’eng, Hiao, Tsing-hing, Ling-ts’e, Keou-tchou et Kiu-yong. » Cf. un passage analogue dans Hoai-nan-tse.
  2. La porte septentrionale de la capitale des Tcheou s’appelait la porte K’ien-tsi (cf. Tso tchoan, 24e année du duc Tchao). La capitale des Tcheou était alors Wang-tch’eng, où le roi P’ing, fuyant devant les barbares de l’ouest, s’était réfugié en 770 avant J.-C. ; ce ne fut que sous le roi King (519-476 av. J.-C.) que la capitale fut reportée à 40 li plus à l’est et prit le nom de Tch’eng-tcheou ; la sous-préfecture actuelle de Lo-yang, qui fait partie de la cité préfecturale de Ho-nan, est à mi-distance entre l’emplacement de Wang-tch’eng et celui de Tch’eng-tcheou (cf. H. T. K. K. , chap. CCLIV, 26e année du duc Tchao, et tome I, p. 301, note 1).