Les soldats de Ts’in se conduisent contrairement aux rites ; comment pourraient-ils empêcher leur défaite[1] ?
Les troupes arrivèrent à Hoa[2]. Un marchand de Tchen, qui faisait le commerce et qui s’appelait Hien Kao, conduisait douze bœufs qu’il allait vendre dans le pays de Tcheou ; lorsqu’il vit les soldats de Ts’in, il craignit d’être tué ou fait prisonnier ; c’est pourquoi il leur offrit ses bœufs en disant :
— Nous avons appris que votre grand royaume allait exterminer Tcheng ; le prince de Tcheng a eu soin de se mettre sur ses gardes et de faire des préparatifs ; il m’a envoyé avec douze bœufs pour réconforter de leurs fatigues l’armée et ses officiers.
Les trois généraux de Ts’in se dirent entre eux :
— Nous voulions attaquer Tcheng par surprise ; mais maintenant Tcheng a déjà pris l’éveil ; nous n’atteindrions point notre but en y allant.
Ils détruisirent Hoa qui était une place sur la frontière de Tsin. En ce temps le duc Wen de Tsin était mort, mais n’avait point encore été enterré ; son héritier présomptif, le duc Siang, se mit en colère et dit :
— Ts’in m’outrage, moi orphelin ; il profite de ce que je suis en deuil pour détruire ma ville de Hoa. Alors il teignit en noir l’étoffe de deuil qu’il portait et la ceinture de chanvre et mit en marche ses soldats ; il arrêta l’armée de Ts’in à Hiao[3] ; il l’attaqua