Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/55

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et la défit complètement ; il n’y eut pas un seul homme qui en échappa ; il fit prisonniers les trois généraux de Ts’in et s’en revint. La femme[1] du duc Wen était une fille (du duc) de Ts’in ; elle intercéda en faveur des trois généraux prisonniers en disant :

— Le duc Mou a contre ces trois hommes une haine qui pénètre jusqu’à la moelle de ses os. Je désire que vous ordonniez à ces trois hommes de s’en retourner, afin que mon prince puisse prendre plaisir à les faire périr dans la chaudière bouillante.

Le prince de Tsin y consentit et renvoya les trois généraux de Ts’in ; quand ils arrivèrent, le duc Mou, vêtu de vêtements blancs, alla à leur rencontre hors de ville et, s’adressant à ces trois hommes, il leur dit en pleurant :

— C’est parce que je n’ai pas suivi les conseils de Po-li Hi et de Kien-chou que je vous ai couverts de honte tous trois ; comment serait-ce votre faute ? Appliquez donc toutes vos forces à laver cet affront et ne vous relâchez point.

Il rendit alors à ces trois hommes leurs titres et leurs rangs d’auparavant ; il y ajouta même et les traita avec honneur.

La trente-quatrième année (626 av. J.-C.), Chang-Tch’en, héritier présomptif (du pays) de Tch’ou, assassina son père, le roi Tch’eng, et prit le pouvoir à sa place. Alors le duc Mou envoya de nouveau Mong-ming Che et ses compagnons, à la tête d’une armée, attaquer Tsin ; ils combattirent à P’ong-ya[2]. Ts’in n’eut pas l’avantage ; il ramena ses soldats et se retira. — Le roi des Jong

  1. Cette femme est appelée par le Tso tchoan (33e année du duc Hi) Wen Yng, c’est-à-dire qu’elle était la femme du duc Wen et qu’elle avait le nom de clan Yng qui était celui de la famille princière de Ts’in.
  2. Cf. note 160.