Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/100

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s’en remettant totalement à lui du zèle et de l’ardeur qu’il saurait déployer pour en assurer le triomphe ultérieur.

Ainsi, pour nous résumer sur cet important chapitre : Dieu présent dans le monde physique comme dans le monde moral ; Dieu connaissant et jugeant nos actions, nos aspirations et nos intentions ; Dieu, désirant nous voir marcher à l’accomplissement de notre destinée ; Dieu, dans le cours des siècles, se prenant de pitié pour la pauvre humanité qui se débattait dans les grossières erreurs de l’idolâtrie sans pouvoir en sortir ; Dieu, se résolvant à faire descendre sur la terre un code de lois propre à y répandre les lumières de la vérité ; Dieu, voyant parmi tous les peuples un seul qui fit digne de recevoir ce code en dépôt et le choisissant ; Dieu, enfin, ne quittant plus ce peuple de prédilection, parce qu’il prévoyait que par lui, par ses exemples d’un attachement librement consenti, à la vertu, au devoir, aux bonnes mœurs, à l’équité, tout le reste du genre humain irait infailliblement à la fin qui lui a été assignée voilà en somme comment le Judaïsme se représente la Providence. Devant une semblable notion, le fatalisme musulman devient une absurdité, et la prédestination chrétienne un attentat gratuit à notre libre arbitre.

Nous allons voir maintenant comment, en niant ou en compromettant gratuitement la liberté humaine, les deux religions nouvelles ont été entraînées, comme sur une pente irrésistible, à méconnaître le vrai caractère de la dignité de l’homme. Toutes les choses se tiennent dans un système, qu’il soit religieux ou philosophique. Un premier pas en amène un second, et si l’on a osé toucher une des prérogatives de l’homme, rien ne garantit qu’on ne touchera pas à une deuxième et encore à une troisième. Aujourd’hui, c’est la liberté qui est condamnée, demain on déniera à l’âme ses aspirations naturelles vers le