Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conjoints apportent ensemble ce qui fera perpétuellement leur désaccord, leur discorde et leur malheur, et nous ne savons rien de plus triste que de semblables situations qui rivent éternellement l’un à l’autre un mari et une femme faits pour se repousser mutuellement et non pour s’aimer, même pas pour se supporter réciproquement. Mieux vaut certes, dans ces cas extrêmes et tendus, rendre la liberté aux parties contractantes. On évite ainsi une immoralité de conduite et jusqu’à des crimes dont nous n’avons eu, de nos jours, que de trop fréquents et affligeants spectacles sous les yeux. Pourquoi obliger quelqu’un, ne serait-ce qu’une fois sur mille ou même sur dix mille, de chercher à sortir violemment d’un état que la loi divine permet de dissoudre et de faire disparaître légalement ? Ce n’est certes pas pour des cas aussi rares que la loi du divorce a été inscrite dans la Bible, et ce qui le prouve, ce sont les nombreuses formalités à remplir, suivant la législation juive, et qui ont rendu effectivement la pratique du divorce excessivement difficile. La nécessité d’écrire la lettre de divorce, de lui donner une teneur déterminée, de la présenter, de l’envoyer de telle ou telle façon, et nombre d’autres formalités dont le Talmud rapporte les détails dans un long traitė[1] qui s’occupe spécialement de la matière, tout cela prouve qu’il ne s’agit pas là d’un acte léger, aussi facile à formuler qu’à exécuter. A entendre même le prophète lors du retour du premier exil, l’acte du divorce était déjà considéré, à cette époque reculée, comme un acte dont la religion avait le droit de gémir quand il ne s’imposait pas forcément, et qu’il n’était que le résultat d’une légèreté de caractère ou d’une variabilité capricieuse du sentiment : « Faites encore ceci, avait dit Maleachi

  1. Celui de Guittin.