Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/138

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pagation de l’espèce humaine, et existe aujourd’hui entre Dieu et ce qui sur la terre porte le nom d’homme. Dès lors, quelle différence y. a-t-il lieu d’établir entre l’habitant des bords du Rhin et celui des rives du Mississipi, entre le montagnard des Carpathes et celui des Apennins, entre un enfant de l’Asie et un enfant de l’Afrique ? Dieu ne se met-il pas partout et de la même manière en communication avec les mortels ? N’est-ce pas à sa raison que leur raison s’illumine ? N’est-ce pas au principe du bien qui se personnifie en lui que leurs vertus rendent hommage ? Que cette vertu ne soit pas d’une égale pureté chez tous, qu’ils ne soient pas tous civilisés au même degré, que les progrès intellectuels varient de l’un à l’autre sur une très large échelle, que la plupart même d’entre eux soient dans une profonde ignorance au sujet des vérités de la foi, en quoi cela peut-il porter atteinte à leur dignité d’homme ? Dieu ne nous a point créés parfaits, mais seulement perfectibles, et avec la liberté qu’on nous a laissée de marcher à la perfection dans la mesure de notre volonté et de nos capacités respectives, il est naturel que nous n’y arrivions pas tous avec la même facilité, ni dans la même plénitude. Ainsi en est-il, dit la doctrine israélite, d’un peuple auquel on a donné d’excellentes lois, mais qui ne moraliseront jamais également tous les individus, ainsi il en est du genre humain en général : « Telle, pour citer sa gracieuse comparaison, telle la pluie printanière se répand sur chaque tige d’herbe d’une prairie où cependant il finit par se trouver tout à la fois des tiges vertes, des jaunes, des noires et des blanches, telle la loi révélée ne se flatte pas d’épurer complètement tous les cœurs, ni d’élever au même niveau toutes les intelligences[1] », et

  1. Midrasch Raba, sur Haazinou.