Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/139

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néanmoins, tous les fidèles groupés autour d’une même croyance sont frères et se doivent entre eux un amour, un respect et un attachement mutuels. De même pour l’humanité prise dans son ensemble. Là, la religion est la croyance au Dieu éternel ; le dogme, les principes immuables de la morale ; les lois cérémonielles, le culte de la vertu.

Ces trois points qu’on pourrait aisément appeler des points de rencontre, on dirait que la Sagesse divine se les est ménagés exprès, pour ramener parmi les hommes, l’union et la concorde que la grande variété des religions tentait d’en chasser. Il est de fait que la civilisation en progrès s’est emparée de ces trois points, et les a posés comme fondement de la tolérance universelle qu’elle prêche envers les croyances. Nous ne sommes pas médiocrement heureux de constater que le Judaïsme les a distingués le premier, et, les plaçant au-dessus des convictions religieuses particulières à chaque peuple, en a fait le centre d’où devaient s’échapper et les sentiments de fraternité que les hommes nourriraient les uns pour les autres, et les aspirations légitimes de chacun d’entre eux d’avoir part aux félicités de la vie future : « Les Justes de toutes les nations, auront le » salut éternel[1] », « aime ton prochain comme toi-même[2] » ; voilà à cet égard son double enseignement, et cet enseignement prouve bien que la doctrine juive, si elle revendique pour Israël la jouissance de toutes les félicités du ciel[3], n’a pas entendu les refuser complètement à ceux qui ne s’inclinent pas sous l’autorité du code sinaïque. A qui professe son credo, elle promet avec certitude la couronne de l’immortalité, mais elle ne va pas jusqu’à damner celui qui le répudie. Les membres de la grande famille humaine lui sont comme autant de person-

  1. Maïmonide, Jad Hachsaka Hilchoth, Teschouoah, ch. III.
  2. Lévitique, chap. XIX, v. 19.
  3. Lévit., chap. XIX.