nalités distinctes, lesquelles, en raison de la liberté dont elles jouissent, peuvent plus ou moins se rapprocher de la vérité religieuse, mais qui aussi, pourvu qu’elles restent des êtres moraux, aimant et pratiquant la justice sur la terre, n’encourront pas la réprobation divine. Ce sont les différentes tiges d’herbe d’une même prairie qui s’approprient plus ou moins les bienfaits de la pluie printanière. Comme cette pluie ne cesse pas de tomber sur elles régulièrement et de leur offrir, chaque année, le moyen de reverdir sous l’action de sa féconde humidité, ainsi Dieu demeure constamment en communication avec tous les habitants du globe ; aucun n’est réprouvé absolument ; aucun n’est indigne d’être appelé son fils, bien que tous ne lui rendent pas des hommages qui lui soient également agréables. La diversité de leurs croyances dogmatiques ne détache pas sur le fond sacré qui leur est commun, nous voulons dire sur la ressemblance qu’ils ont tous avec le même type. N’ayant pas de souillure native dans l’âme, ils n’ont pas besoin qu’une foi spéciale vienne les purifier avant qu’on leur accorde le droit de s’asseoir au banquet de la vie sociale comme à celui de la vie immortelle. N’étant point tombés, ils n’ont pas besoin d’être relevés au préalable par cette même foi ; n’étant pas livrés au mal, ils n’ont pas besoin d’elle pour être rachetés. Frères par la naissance, ils restent frères durant leur existence entière, l’un absolument semblable à l’autre, possédant tous le pouvoir de se rapprocher de Dieu par l’amour du bien et la pratique de la justice, de gagner le ciel par le mérite de leurs bonnes œuvres et le gagnant toujours avec certitude, s’ils s’attachent à la Loi sinaïque qui est toute justice, toute vertu, toute vérité ; par conséquent, tous prochains et obligés de se respecter, de se soutenir, de se protéger, de s’aimer, de s’aider mutuellement, comme feraient les fils d’un même père, les
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