enfants qui vivent et meurent à l’ombre d’un même toit paternel[1].
Est-ce bien de cette façon que le Christianisme et l’Islamisme ont entendu la dignité humaine et ce qui en est le corollaire : la tolérance universelle ? Il est permis d’en douter rien qu’à considérer la part active que l’une et l’autre religion attribuent, qui à la prédestination, qui au fatalisme, dans la conduite de nos actions. Où réside notre grandeur si nous ne sommes plus les maîtres de nous diriger, de nous conduire comme il nous plaît ? Une fleur ne penche pas plus vite sa tête et se flétrit au contact d’un vent inclément, que ne le fait notre liberté à la plus légère pression qui s’exerce sur elle. D’un autre côté, nous aurions beau jeu contre ces deux doctrines, si nous voulions juger de leurs principes sur la dignité humaine par les nombreux actes de fanatisme et de persécution religieuse que l’histoire a enregistrés durant le temps qu’ils tenaient le sceptre de la domination. Mais outre que l’on ne doit jamais faire peser sur aucune doctrine la responsabilité des excès commis en son nom, il nous répugne encore de toucher de la main à des plaies aussi hideuses et que, de part et d’autre, on a toujours intérêt à laisser se cicatriser. Il est fort prudent de tirer le voile sur des atrocités commises au temps passé ; c’est une garantie contre leur retour, et il n’y a que l’écrivain haineux qui puisse se complaire à la rouvrir d’une plume vindicative.
Combien, au contraire, nous serions heureux de voir le Christianisme et le Mahométisme continuer l’enseignement traditionnel de la Synagogue sur la reconnaissance de la dignité de l’homme et sur le respect qu’elle doit inspirer ? Ce serait une gloire de plus pour le Judaïsme. Mais quelle distance
- ↑ Voir Proverbes, chap. XIV, v. 31, chap. XXIV, v. 11.