à coup sûr, le sentiment de la dignité court risque de s’y perdre.
Cependant l’homme ne peut rester séparé d’avec son Créateur. Le rapport rompu doit être renoué. Jésus de son côté et Mahomet du sien se chargent de le faire. L’un, en mourant pour l’humanité, la rachète par le sacrifice de son sang ; il devient son Rédempteur ; il la sauve des suites terribles du péché originel. L’autre se donne comme l’envoyé de Dieu pour accomplir le même dessein. Il est moins sublime de dévouement, mais il prétend néanmoins être l’unique prophète du Seigneur appelé à détruire l’empire du mal, à chasser Eblis et à lui fermer désormais l’accès des cœurs par une barrière invincible : l’obéissance au nouveau livre, le Coran.
Mais voici la grande question. Tout homme est-il indistinctement sauvé par la venue dans le monde d’un de ces deux libérateurs ou de tous deux à la fois ? Nullement. Une condition est nécessaire pour jouir du bénéfice de la rédemption, c’est de croire à la divinité de la mission dont ils se sont dit être chargés. Celui-là seul qui a de la foi en eux, peut être seul par eux relevé de sa chute. Que résulte-t-il de là ? Que tous les membres du genre humain ne se valent plus entre eux. Moi qui ne crois pas en Jésus, je suis et je reste, comme dit Bossuet, « maudit dans mon principe ; ma naissance est gâtée et infectée dans sa source ; l’image de Dieu est effacée en moi ; c’est à peine si le nom d’homme me demeure ». Vous qui ne croyez pas en Mahomet, vous êtes à jamais « condamné à subir la domination du mal ; toutes vos intentions les meilleures sont des suggestions du malin esprit, duquel un vrai croyant ne saurait jamais assez se méfier ; toutes vos convictions ne sont plus que des opinions, car la vérité ne peut entrer dans votre intelligence ; le vice est votre élément naturel,