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CHAPITRE VI

DESTINÉE HUMAINE. — DOGME DU MESSIE


En interrogeant au précédent chapitre la doctrine chrétienne pour savoir sa pensée sur la dignité humaine, nous l’avons trouvée en défaut, tant à cause du dogme de la prédestination qu’elle enseigne, que par suite de l’obligation où elle met chaque individu de croire à la divinité de Jésus, s’il veut être relevé d’un prétendu état de dégradation morale. Cependant nous l’avons reconnu, et nous ne cesserons de le dire : d’admirables accents de bonté, d’indulgence et de générosité envers le semblable, sont sortis de la bouche de Jésus et de celle des apôtres, et ont été portés, par les derniers surtout, à des populations parmi lesquelles le Judaïsme de cette époque possédait peu ou point d’adeptes. Nous applaudissons à ces accents avec d’autant plus de chaleur que la religion juive qui les a inspirés, n’a eu qu’à gagner à être ainsi montrée aux nations les plus lointaines sous ce côté humanitaire. Mais nous ne pouvons, en définitive, qu’y voir une inconséquence. Quoi ! des hommes que vous déclarez demeurer sous la domination du diable parce qu’ils ne croient pas au Rédempteur, des hommes qui, par l’absence de cette foi qu’ils ne sont pas les maîtres de se donner[1], sont réprouvés ici-bas et seront damnés dans

  1. Épitre aux Romains, chap, III, IV, V et VI.