Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/162

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sant tourner, s’agiter avec tumulte au-dedans de lui, en les excitant encore au lieu de les réprimer, il condamne son sentiment à se dépraver, sa raison à s’obscurcir, à s’affaisser sur elle-même. Toute son âme meurt bientôt de sa mort à elle, qui est de ne plus pouvoir désormais remonter par la pensée vers Dieu, dans le sein duquel elle aurait si besoin de lire constamment les principes de la justice et du devoir, afin de s’inspirer d’amour pour la vertu.

Or, c’est précisément cet homme dissolu de mœurs et d’idées que le Pentateuque réprouve avec le plus d’énergie ; c’est contre lui qu’il a prononcé toutes ces malédictions dont la lecture est si effrayante[1]. Israël n’est tant menacé par lui de la colère céleste s’il transgresse les lois qu’il lui prescrit, que parce qu’en les transgressant il ne manquera pas de s’abandonner aux vices les plus abjects et au plus dégradant abrutissement. Le Pentateuque a prévu cela. Il a prévu que si Israël méprise, dédaigne ou seulement arrive à faire peu de cas des choses de l’esprit, il est tout près de se livrer à la folle ivresse de jouissances sensuelles. C’est pourquoi il a fait d’une part toutes ces sombres menaces de malédictions qui ne se sont, hélas ! que trop tôt réalisées (elles s’adressaient à la portion la moins éclairée du peuple), et de l’autre, ces appels réitérés à la reconnaissance envers Dieu, ainsi que ces prières qui semblent être celles d’un tendre père à son fils, de ne jamais oublier le Seigneur, de lui demeurer soumis et de faire de sa parole révélée l’objet des plus sérieuses méditations ; ces appels et ces prières s’adressaient aux nobles cœurs en Israël : « Sachez aujourd’hui et réfléchissez-y bien, que l’Éternel est Dieu ; il n’y en pas d’autre sur la terre ni au Ciel ; à lui doivent se rapporter toutes vos

  1. Voir Lévit., chap. XXXIII. Deut., chap. XXVIII.