Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/177

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Messies qui se sont fait passer pour tels, aurait-il pu accepter ? La disparition des guerres, l’avènement d’une paix universelle, la pratique entière de la Loi, le règne général de la vertu, de la justice et de la vérité, tout cela, c’est l’ère messianique, et rien de tout cela ne s’est accompli à la venue de Jésus, non plus qu’à celle de Mahomet. Et c’est pourquoi le Judaïsme continue avec raison à demeurer dans l’attente de son Messie avec lequel il n’a jamais voulu confondre ni Jésus ni Mahomet, bien que le premier ait affirmé être venu consommer la Loi et la parfaire, et que le second ait prétendu n’être rien moins que le dernier des prophètes, leur sceau à tous.

Mais cette obstination à ne pas leur attribuer la qualification de Messie, a-t-elle empêché le Judaïsme de reconnaître qu’ils ont aidé tous deux au perfectionnement du genre humain[1] ? Pas le moins du monde, et son affirmation, à cet égard, est catégorique « Nous devons considérer le prétendu Messie (Jésus), aussi bien que l’autre (Mahomet) qui lui a succédé, comme ayant tous deux été destinés à aplanir la voie au vrai et futur Messie[2]. » Done, Jésus et Mahomet n’ont fait qu’aplanir la voie, la préparer, en ôter les pierres d’achoppement. Mais tout n’est pas fait. Il reste encore beaucoup à réaliser, à accomplir. C’est pourquoi IsraËl conseille toujours à l’humanité d’avoir les yeux fixés sur l’avenir qui seul contient en lui l’âge d’or, de continuer sa marche ascensionnelle vers le progrès et les améliorations de toutes sortes. Là est toute la destinée du genre humain. C’est là sa fin suprême et dernière, et c’est aussi vers ce chemin et sur ce chemin seul que se rencontreront pour Israël toutes les conditions nécessaires à la venue de son Messie.

  1. Coran. chap. XXXIII, v. 41.
  2. Maïmonide Jad Hachsaka Hilchoth Melachim, chap. II et XII.