Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/194

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talité de l’âme, nous la maintenons debout à côté de ce dogme, tel qu’il a été formulé plus tard, et longtemps avant Jésus et Mahomet, dans la Synagogue même, il en résulte ceci : Que les fils des patriarches et les Israélites au désert avaient déjà du Scheôl l’idée que s’en sont faite plus tard les David et les Salomon ; que si ces derniers sont allés un peu plus loin et, cherchant à savoir ce qui adviendrait de l’âme quand elle sortirait du Scheôl pour aller présenter à Dieu le compte de ses actions, sont arrivés, l’un à la placer « à la droite du Seigneur[1] », l’autre à la faire « remonter vers la source d’où elle a été tirée[2] », ça été par une impulsion naturelle du progrès qui les poussait à faire un pas en avant dans l’étude d’un dogme que Moïse n’avait pas eu besoin et n’avait pas jugé à propos de placer à la base de son enseignement doctrinal. Mais tous ensemble avaient toujours été fermement convaincus de l’impossibilité où se trouverait l’âme de se voir jamais atteinte par la mort ni même par la perte de la conscience ou de la personnalité.

Et cependant, dit-on, les psaumes ainsi que les discours du prophète Isaïe semblent justement faire mention de cette perte du sentiment et de la conscience chez les âmes des trépassés. Ainsi, David ne répète-t-il pas sur cent accents divers : « On ne se souvient plus de toi, Seigneur, dans ta tombe ? Qui est-ce qui te rend encore grâce du fond du Scheôl[3], Isaïe ne dit-il pas à son tour par la bouche du roi Ezéchias : « Ceux qui sont descendus dans le Scheôl ne donnent plus de louanges à Dieu, ni les trépassés ne le glorifient[4]. »

Nous répondons : Puisque le Scheôl a été dans la pensée et la croyance générale des Hébreux le lieu où s’assemblent les morts pour de là aller ensuite devant le Juge suprême, quoi

  1. Psaumes, chap. XVI, v. 11.
  2. Ecclésiaste, chap XII, v. 7.
  3. Psaumes, chap. VI, v. 16.
  4. Is., chap. XXXVIII, v. 18.