Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/196

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est en ce moment semblable au nôtre. Voici que ton orgueil et le bruit de tes harpes s’éteignent dans la profondeur du Scheôl ; ta couche c’est le ver de terre et ce sera encore lui qui te servira tantôt de couverture. Comment es-tu tombé du ciel astre brillant, étoile du matin ? Te voilà précipité à terre, toi qui t’imaginais faire subir ce sort aux peuples ! Tu t’étais dit Je monterai au plus haut des cieux ; j’élèverai mon trône par-dessus les astres ; je m’assiérai sur la montagne sacrée à l’extrémité du Nord ; je franchirai l’élévation des nuages ; je serai semblable à un dieu. Mais voici que tu es descendu dans le Scheôl et jusqu’aux extrémités de l’abîme[1]. »

Cette énergique apostrophe placée dans la bouche de Rephaïm, ce souvenir du passé, cette vue du présent et encore ce sentiment qu’ils ont de leur propre faiblesse et à laquelle ils comparent celle du tyran qui est venu les rejoindre, en faut-il davantage pour justifier ce que nous avançons ? Isaïe s’exprimant de la sorte, cela ne prouve-t-il pas que la conviction populaire de son époque était que les morts ne sont pas ignorants de ce qui se passe autour d’eux et qu’ils ont pleine conscience de leur existence passée ? N’est-ce pas encore cette même croyance populaire que nous révèlent les versets suivants qui nous représentent Samuel évoqué par la pythonisse d’Endor, et s’adressant à Saül en ces termes : « Pourquoi m’as-tu troublé en me faisant apparaître ? C’est que je suis malheureux, répond Saül, les Philistins vont m’offrir le combat ; Dieu s’est retiré de moi ; il ne me répond plus, ni par l’entremise des prophètes, ni en songe ; et je t’ai fait évoquer pour que tu m’apprennes ce que j’ai à faire. Samuel lui dit : A quoi bon me

  1. Isaie, chap. XIV, v. 9 et suivants.