Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/197

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consulter ? Dieu s’est éloigné de toi pour se mettre avec tes ennemis. C’est ainsi qu’il accomplit ce qu’il t’avait annoncé par ma bouche à savoir qu’il arracherait le royaume de tes mains et le donnerait à David. Tu le sais, tu n’as pas écouté la voix de l’Éternel et tu n’as pas été l’instrument de sa colère contre Amalek. C’est pourquoi Dieu agit aujourd’hui de la sorte contre toi. Et en même temps que toi, Israël tombera entre les mains des Philistins. Demain tu viendras me rejoindre avec tes fils[1]. »

A quelle époque parle-t-on ainsi de la conservation du sentiment, de la conscience et du souvenir chez les âmes descendues dans le Scheôl ? A l’époque de Samuel et de Saül, quatre siècles après Moïse, puis quelque temps plus tard David et Salomon connaissent déjà et prononcent formellement le mot, le grand mot d’Immortalité. « La vertu, est-il dit au livre des Proverbes, la vertu conduit à la vie ; elle fraye le chemin vers l’Immortalité[2]. Cette immortalité, David, dans les Psaumes, l’avait déjà décorée du nom de « ce qui est au delà de la mort ». En voici le texte : « Le Dieu éternel saura nous conduire par delà la mort[3]. »

On comprend que, pénétré d’une semblable conviction comme du reste on l’a toujours été en Israël, le roi David se soit armé d’une grande et profonde résignation à la mort de son fils en disant « Ne me reste-t-il pas la consolation d’aller rejoindre ce cher enfant là où Dieu a recueilli son âme innocente….. ce n’est pas lui qui reviendra jamais vers moi, c’est moi qui irai vers lui[4]. »

  1. Samuel, chap. 28, v. 45 et suivants. Ces expressions : « Tu viendras me rejoindre, » tu seras avec nous » sont une nouvelle preuve que le Scheôl ne peut être qu’un séjour provisoire : autrement, Samuel et Saül auraient en la méme destinée.
  2. Proverbes, chap. XII, v. 28.
  3. Psaumes, chap. XLVIII, v. 15.
  4. IIe Livre de Samuel, chap. XII, v. 23.