Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/198

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Et le poète religieux revient encore deux fois, dans deux chants successifs, à cette expression d’Immortalité devenue sans doute familière et générale à l’époque où il écrit. « Non, dit-il, tu ne délaisseras pas mon âme dans le Scheôl ; tu ne permettras pas que ton juste soit voué à la destruction. Tu me conduiras sur ce chemin de la vie où il me sera permis de me rassasier de la contemplation de ta face et de goûter à ta droite les délices de l’immortalité[1]. Et immédiatement après : Oui, je verrai alors ta face ; en me réveillant au delà de la tombe, je contemplerai ta majesté[2] ».

Cette croyance enfin si chère de tout temps à Israël, a reçu la consécration que donne la victoire remportée sur le doute philosophique. On le sait, le Judaïsme a eu son philosophe sceptique qui un jour s’est écrié : « Pourtant qui sait ? L’âme de l’homme monte-t-elle réellement en haut comme l’esprit de la bête descend en bas ? [3] » Et il répond : « Oui, certes, la poussière retourne à la terre qui est son origine, et l’âme retourne à Dieu qui l’a donnée[4]. Car, quand je vois sous le ciel le lieu de la justice occupé par l’injustice et la méchanceté prendre la place de la vertu, je me dis que Dieu doit juger l’homme pieux ainsi que l’homme impie, et qu’il doit y avoir un temps pour toute chose et pour toute œuvre, là[5], c’est-à-dire évideniment dans l’autre monde, au séjour des immortels. »

Et la croyance à l’immortalité de l’âme ainsi catégoriquement énoncée, ne sortira plus de l’enseignement juif. On la retrouve à toutes les époques postérieures, du temps d’Isaïe[6] après le schisme de dix tribus, du temps d’Ezéchiel lors de

  1. Psaumes, chap. XVI, v. 20.
  2. Psaumes, chap. XVII, v. 15.
  3. Ecclésiaste, chap. III, v. 21.
  4. Ecclésiaste, clap. XII, v. 7.
  5. Ecclésiaste, chap. III, v. 16 et 17.
  6. Isaïe, chap. XXVI, v. 19, chap. XXXVIII, v. 10, chap. XVII, v. 2 et chap. LXVI, v. 24.