Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/199

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l’exil de Babylone[1], du temps de Daniel au retour de cet exil[2]. De la Palestine, cette croyance descend à Alexandrie (Egypte) avec la colonie juive qui, au quatrième siècle avant l’ère vulgaire, va s’établir dans cette fameuse ville alors nouvellement fondée par Alexandre-le-Grand. Là, la croyance à l’immortalité de l’âme devient le fondement de la sagesse gnomique des Juifs alexandrins ; elle sert de consolation aux malheureux dans la personne de Tobie ; elle est invoquée pour stimuler le courage de la mère et des frères Macchabées, quand ils vont vaillamment au supplice comme au plus sublime des martyres. Il nous faut citer l’expression même des nobles accents inspirés alors par cette antique croyance : « Les âmes des justes ! oh ! elles sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les touchera plus. Il a semblé aux yeux des fous que les justes mourussent, et leur issue a été estimée une angoisse. Il a semblé à leur départ d’avec nous qu’ils fussent perdus, mais ils sont en paix. Que s’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance était pleine d’immortalité[3]. »

Dans la bouche de Tobie on place des expressions non moins touchantes « Maintenant donc, fais-moi ce qui te semblera bon ; ordonne que mon âme soit ôtée, afin que je sois dissous et que je devienne terre, car il m’est plus expédient de mourir que de vivre, parce que j’ai ouï de faux reproches ; donc, ordonne que je sorte de ces angoisses pour aller au lieu éternel[4]. »

Les paroles du plus jeune des Macchabées et celles de sa mère respirent les mêmes inébranlables espérances en l’immortalité : « Mon enfant, dit cette dernière, je t’en conjure,

  1. Ezéchiel, chap. XXXVII.
  2. Daniel, chap. XII, v. 2, 3 et 13.
  3. Sapience, chap. III, v. 1, 2, 3 et 4.
  4. Tobie, chap. III, v. 6.