Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/200

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regarde le ciel, reçois la mort comme étant digne de tes frères, afin que je te reçoive avec eux dans la miséricorde de Dieu ».

L’enfant répond : « Mes frères ayant souffert quelques petites douleurs sont maintenant sous le testament de vie éternelle[1]. »

Quoi d’étonnant après cela que l’historien Joseph Flavius qui a vécu cent cinquante ans, après que ces paroles fussent écrites, ait mis si souvent dans la bouche de ses héros les arguments les plus chaleureux pour enflammer leur audace guerrière, arguments tous tirés de cette même croyance à l’immortalité de l’âme ! Ici, encore, il nous faut citer presque textuellement : Eléazar, voyant que la forteresse de Massada ne pouvait manquer d’être emportée d’assaut par les Romains, exhorte ses défenseurs à se donner la mort en faisant valoir l’argument toujours décisif tiré de la croyance de l’immortalité de l’âme. Il s’appuie sur les Saintes Écritures qui sont les oracles de Dieu même, sur les instructions reçues de nos pères dès notre enfance et sur leur constant exemple pour proclamer que ce n’est pas en la vie, mais en la mort que réside notre bonheur, parce que la mort met nos âmes en liberté et leur donne les moyens de retourner à cette céleste patrie d’où elles ont tiré leur origine[2]. Et ailleurs : « Il est vrai que nos corps sont mortels, parce qu’ils sont formés d’une matière fragile et corruptible, mais nos âmes sont immortelles et participent en quelque sorte de la nature de Dieu[3]. »

Et lorsque Joseph Flavius parlait ainsi et faisait parler ses héros, Jésus, le fondateur de la nouvelle religion, venait de faire ses prédications devant ces mêmes Juifs si courageux et si fermement résolus à sacrifier quand il le fallait leur vie terrestre

  1. Macchabées, IIe livre, chap. VII, v. 29 et 36.
  2. Flavius Joseph, Guerre des Juifs, chap. XXXIV.
  3. Flavius Joseph, Guerre des Juifs, chap. XXV.